lundi 15 août 2016

Portraits de femmes : la voix d'une femme violée

Hey, salut Poiscaille.

J'espère que tu vas bien !

Chez moi, y'a pas mal de changements. En bien, en moins bien, mais globalement, ça roule. Seul souci, la parution d'articles pâtit un peu (beaucoup) de mes nouveaux horaires et de mes nouvelles obligations. (Et pi c'est un peu beaucoup les vacances.)

Moi aussi je suis à Miami... chez moi !
#VacancesDePauvre

Cela dit, le blog n'est pas mort, loin de là. Et je te remercie de continuer à le suivre !

Aujourd'hui, j'ai toujours plein d'idées, des choses à dire. Ça met du temps à maturer dans ma tête et dans mes mots. Et parfois, les sujets que je veux aborder sont durs, et il est important de savoir comment les aborder...

Ce sera le cas aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, je veux te causer d'un blog particulier : Non mais... ça va pas ?!.

Ce blog est né grâce à une femme dont je ne peux que saluer le courage. Je ne peux qu'essayer d'appréhender ce qu'elle a vécu, durant de nombreuses années. Son histoire force le respect, sa lutte l'envie de la soutenir quoi qu'il en coûte.

Aujourd'hui, je veux te parler de S, femme handicapée et violée à de nombreuses reprises, durant plus de 10 ans.


Ce blog, c'est toute la rage d'une femme qui s'élève. On ne sort pas indemne de sa lecture. Les mots sont tranchants, durs. Et pourtant, ils doivent être lus. Entendus. Relayés. Parce qu'ils marquent dans la chair, dans l'esprit. Parce qu'une telle situation ne devrait plus être une norme.

"Non, je ne veux pas que tu me touches. Non, tu n'as pas le droit de passer outre mon interdiction. Non, tu n'avais pas à faire ces gestes sur moi. Non, tu n'avais pas d'excuses pour faire ça et rien ne justifie tes actes. Non, un non à ton désir n'était pas un affront. Non, je n'ai pas à te comprendre. Non, je n'ai pas à te pardonner.

Non, Madame la policière, je n'étais pas consentante. Non, il ne pouvait pas l'ignorer. Non, je ne l'ai pas « aguiché ». Et quand bien même, non ça ne changerait rien à ce qu'il m'a fait. Non, mon handicap ne me rend pas incapable de comprendre la portée d'une plaine déposée contre cet homme. Non, la façon dont j'étais vêtue n'était pas une invitation. Non, mon handicap ne m'a pas empêchée de ressentir douleur et terreur.
Non, monsieur le juge, violer une personne handicapée n'est pas moins grave que de commettre le même acte sur une personne normale (psst, un indice, le code pénal dit plutôt l'inverse). Non, je n'ai aucun, mais alors strictement aucun intérêt à porter plainte contre cet homme. Non, je n'en retirerai rien, pas même de satisfaction de le voir condamner. Non, je ne me suis pas désintéressée du traitement de ma plainte, simplement, je me suis fatiguée de courir après des avancées.

Non, proches, amis, famille, gens de passage qui avez entendu parler de tout ou partie de mes mésaventures, ce n'est pas parce que j'ai subi plusieurs agressions que ça ne me fait plus rien ou que la douleur s'atténue au fil des événements. Non, je ne suis pas désespérément naïve. Non, je ne suis pas inconsciente. Non je ne pouvais pas me défendre, ou réagir comme vous pensez que vous auriez su le faire à ma place. Non je n'ai pas subi tout ça pour « attirer l'attention ». Non je ne veux pas rester dans une pièce capitonnée pour qu'il ne m'arrive plus rien de mal. Non, je ne crois pas que vous êtes tous à mettre dans le même sac. Non, je ne « dois » pas porter plainte. Non, vous ne savez pas mieux que moi ce que je ressens et comment gérer les choses."

Bannière créée par Mattis Bennani

La voix de S, c'est la voix de toutes les femmes violées qui s'élève. La voix des femmes laissées pour compte par la justice, par leur entourage, leurs ami.e.s. Par les inconnu.e.s, même, parfois.

Ce blog, c'est une grosse baffe dans la gueule de notre culture du viol, immonde et rampante, qui nous touche toutes et tous. Qui nous bouffe, sans qu'on s'en rende compte. Et qui rend notre humanité vacillante, notre vision tronquée, avec nos avis devenant jugements. Et qui tue ses victimes, petit à petit.

Ce blog, c'est la voix d'une femme parlant à ses agresseurs et violeurs, à celles et ceux qui se retrouveraient dans une situation où ielles n'écouteront pas le "Non". Ce sont les paroles qu'elle aurait voulu dire, ce qu'elle aurait voulu qu'ielles sachent avant de lui faire du mal. Ce qu'elle aurait voulu venant de personnes se disant ses allié.e.s.

Je n'ai qu'une chose à dire. Va lire le blog de S. Imprègne-toi de ses mots, de son histoire, de ses luttes. Propage son message autour de toi. Nous sommes toustes concerné.e.s par la violence faite aux femmes. Et il faut que cela cesse.


NB : l'autrice du blog "Non mais... Ça va pas ?!" m'a donné son autorisation de publier ce texte, de citer ses écrits et d'utiliser sa bannière.

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